Voici un article écrit par Carole Thibaudeau sur ma vision des forêts nourricières et des guildes de plantes. Elle était là lors de ma conférence au Festival des Mini-Maison cet été et avait beaucoup aimé ce que je proposais. Nous avons par la suite discuté au téléphone afin d'apporter des précisions ce qui lui a permis de pondre cet excellent article. J'ai ajouté plusieurs photos pour illustrer mes propos. Bonne lecture!
Une forêt nourricière dans sa cour
Carole Thibaudeau
La Presse - Publié le 14 septembre 2015
Vous voulez des espèces comestibles dans votre cour avant, tout en
évitant l'aspect potager? Vous vous demandez comment améliorer la santé
de votre pommier, cerisier ou abricotier? Vous rêvez d'un aménagement
qui nourrit la nature autant qu'il en tire des aliments? Le concept de «
forêt nourricière » devrait vous intéresser.
D'autant plus que
le meilleur moment pour implanter de telles associations de végétaux
est l'automne, avant le gel, alors que les plantes développent leur
système racinaire.
« La forêt nourricière est un système de
culture basé sur l'implantation d'arbres, d'arbustes et de plantes
vivaces, conçu pour imiter la structure et les processus d'une forêt
naturelle, explique l'horticulteur Wen Rolland, permaculteur et
concepteur en systèmes écologiques, qui offre des formations en la
matière. L'idée est de créer un environnement qui demande de moins en
moins de travail, et qui nourrit non seulement l'être humain, mais aussi
l'environnement. »
Ce type d'aménagement reprend les principes
de la permaculture, en créant de petits écosystèmes parfaitement
intégrés au grand écosystème.
On fait travailler ensemble des
plantes qui offriront toutes les fonctions vitales d'un écosystème :
fixer l'azote, accumuler les éléments nutritifs, attirer les alliés du
jardinier (comme les insectes pollinisateurs) et éloigner les insectes
ravageurs.
Une même plante peut apporter plusieurs de ces
fonctions. Par exemple : de l'ortie en bordure fournira une plante très
reminéralisante pour les humains et apportera de l'azote dans le
compost. Autre exemple, la consoude, utile pour cicatriser les plaies,
attire les insectes pollinisateurs, tout en accumulant des nutriments.
En fin de cycle, c'est-à-dire à l'automne ou si on la coupe, la consoude
redonne ces nutriments au sol.
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Guilde de plantes autour d'un vieux pommier. Design par Wen Rolland. |
Cette notion de synergie et de
petit écosystème complet a mené à la création de « guildes de plantes »,
autrement dit des regroupements végétaux qui reproduisent les processus
naturels essentiels. « On utilise le mot "guilde" à dessein, explique
Wen Rolland. Comme pour une guilde de jardiniers, c'est une association
où chacun est différent, mais où tous travaillent dans un but semblable.
»
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Guilde de plantes autour d'un murier arbre pleureur. Design par Wen Rolland. |
Différents modèles de forêts nourricières peuvent être
implantés dans de petits espaces ou des espaces plus grands. Grosso
modo, on place les arbres et les plantes grimpantes ensemble, au centre,
puis on les entoure d'arbustes et on borde l'ensemble de plantes au
sol. Il en résulte des aménagements résilients, beaux, productifs et qui nécessitent peu d'entretien après quelques années.
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Un exemple de guilde de plantes assez simple pour faciliter la récolte créé par Wen Rolland. Les chemins en pas japonais nous permettent de nous déplacer efficacement sur l'ensemble du site tout en étant hautement esthétique. |
Une «forêt nourricière» pourrait occuper avantageusement la cour avant d'une maison. «Il est important que les plantes soient bien collées, une fois à maturité, afin d'occuper tout l'espace, ce qui réduit à presque rien la nécessité de désherber», explique Wen Rolland, concepteur. Pour un investissement d'environ 400$, un propriétaire peut facilement se munir d'une guilde composée des végétaux suivants:
- Amélanchier alnifolia: ce petit arbre esthétique, produit un petit fruit délicieux ressemblant au bleuet.
- Glycine tubéreuse: plante grimpante à jolies petites fleurs roses et odorantes qui fixe l'azote et dont le tubercule est comestible.
- Gadelliers blancs: arbustes qui donnent de petits fruits sucrés et acidulés en grappes.
- Cerisier nain de Saskatchewan: cet arbuste très rustique, aussi beau en fleurs (blanches) qu'en fruits (rouges), pas trop haut (un à deux mètres), donne des cerises semi-sucrées.
- Consoude: cette plante médicinale vivace, qui favorise la cicatrisation, attire les pollinisateurs et accumule les nutriments. Elle tolère un certain niveau d'ombre.
- Achillée millefeuille: plante médicinale vivace qui attire les pollinisateurs et d'autres insectes alliés des jardiniers.
- Violette odorante: couvre-sol dont la feuille et la fleur sont comestibles. Elle attire les pollinisateurs tôt en saison.
- Caraganier: arbuste fixateur d'azote. Sa fleur comestible a un goût de haricot.
- Menthe poivrée: cette plante aromatique éloigne les insectes nuisibles, attire les pollinisateurs et fait d'excellentes tisanes.
Un couvre-sol de trèfle recouvre le site là ou il n'y a pas de plantes: il fixe l'azote et est très apprécié des abeilles.
Vous trouverez l'
article original ici.
1 commentaire:
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